Rodéo


Je me suis levé et j'ai marché. J'ai réfléchi longtemps la tête noyée dans la fumée du bol. Mes idées sont devenues bien claires sous la douche froide. J'ai regardé l'heure plusieurs fois, vu la minute fatidique se rapprocher. Je me suis vidé. Je me suis rempli de nouveau, de fumée et de bouffe. J'ai regardé les gens par la fenêtre, pour prendre le pouls, comme j'aurais mis un doigt de pied dans l'eau glacée avant de rebrousser chemin. J'ai entendu quelques oiseaux qui m'ont aidé à voler un peu. Ça ne m'a pas fait décoller beaucoup mais j'ai plané un peu en évitant de me heurter à certains rêves. Un vol de plaisance. Ma dernière volonté du matin. Voler avant de m'écraser dans la rue. La minute attendue est arrivée. Je me suis équipé et j'ai craché dans mes mains. J'ai ouvert la porte et tout l'air du monde m'a transpercé. J'ai pris de la pluie plein la gueule. Puis je suis monté sur son dos. Alors la journée a commencé à bouger dans tous les sens et je me suis dit que je devais tenir le plus longtemps possible. Je tombe souvent. Tout le monde à l'air de dire que c'est une histoire d'entraînement, alors je m'accroche bien et je ferme les yeux.

4 commentaires:

Christophe Sanchez a dit…

Pas mal ce rodéo de la vie !

La Méduse et le Renard a dit…

Merci Christophe, Hiiiihaaaa!

Chr. Borhen a dit…

C'est certain : nous ne somme guère les rois de l'arène.

(Texte remarquable.)

La Méduse et le Renard a dit…

Merci Christophe, en effet, on est pas grand chose entourés de lions.